J’ai un jour assisté à un atelier de bande dessinée dans une école primaire de la péninsule de Port-au-Port, sur la côte ouest de Terre-Neuve. Les élèves devaient créer un héros doté de pouvoirs magiques à partir d’un animal qu’ils avaient déjà vu. Sarah, une élève de deuxième année, a dessiné un renard. « Quels sont ses pouvoirs? », lui a demandé son enseignante. « Il peut voir jusqu’en Alberta », a répondu illico la petite fille. C’est aussi le souvenir de cet enfant qui a motivé ma détermination de suivre les traces d’un cas de Covid terre-neuvien venu des sables bitumineux de l’Alberta.
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Réflexions autour du maquareux de vidanges (Garbage Puffin) de Witless Bay – Introduction
Hier, le 11 mai 2014, à Witless Bay, un village de la péninsule d’Avalon situé à environ une heure de St.John’s, la capitale de Terre-Neuve-et-Labrador, quelque 75 bénévoles officiellement enregistrés ont récolté 5,632 livres de déchets à l’occasion du grand ménage du printemps initié, il y a six ans, par le Kinsmen Community Group. Nouveautés, cette année : la collaboration du conseil municipal, de son comité d’embellissement et des pompiers volontaires de la municipalité. Et aussi (surtout?), l’objectif d’établir le Record Guiness du plus grand maquareux (puffin) au monde construit avec des vidanges. Lire la suite
Jacinta
Je m’appelle Jacinthe. Comme la fleur? Pas du tout. Dans ma famille, très catholique, il fallait avoir le nom d’un saint, ou d’une sainte. Je porte le nom de Jacinthe, à cause de Jacinta Marto , celle à qui la Vierge serait apparue à Fatima, au Portugal, en 1918, avec son frère François et sa cousine Lucie.
Or, Jacinta n’était pas une sainte au moment de mon baptême mais il était possible de présumer qu’elle était en route vers la sainteté au moment de ma naissance. En effet, l’article de Wikipédia mise en lien rouge un peu plus tôt dans ce texte (je vous épargne la lecture) nous apprend qu’un procès en béatification a été ouvert le 21 décembre 1949. Elle était donc en route vers la sainteté au moment de ma naissance. Mais ce n’est plus de 30 ans après cette apparition, soit le 13 mai 1989, que son dossier de béatification a été transmis au Saint-Siège, avec celui de son frère François. Jacinthe et son frère François ont, enfin, été béatifiés par le pape Jean-Paul II le 29 juin 1999.
Cette histoire est une diversion vers une toute autre « révélation » récente, pour moi : il y a, à Terre-Neuve, et nulle part ailleurs dans le Canada anglo-saxon, des Jacinta. Trois fois plutôt qu’une, depuis une semaine, des gens ont compris que mon prénom, en anglais, était Jacinta. Avant, j’ai eu en adaptation de mon prénom des Jocelyn, Jacqueline, Hyacinth. Jamais des Jacinta.
Trois fois donc, depuis une semaine, à Terre-Neuve, quand j’ai donné mon prénom, des gens ont compris Jacinta.
J’ai une explication qui pourrait être une légende, ou peut-être pas. Jacinta est arrivée ici par les marins et pêcheurs portugais Lire la suite
St.Shotts ou comment le maillage des langues canonise par inadvertance
St.Shotts… Le village le plus au sud de la péninsule d’Avalon. Un village qui a longtemps partagé, avec l’île de Sable, en Nouvelle-Écosse, le titre de « cimetière de l’Atlantique » Des centaines de navires y ont fait naufrage avant l’arrivée des phares des caps voisins, dont celui de Cape Race. Une centaine d’habitants qui reçoivent, en automne, la visite de surfers professionnels attirés par des vagues parmi, selon ces connaisseurs, les plus intéressantes de la planète.
Pourquoi, autrement, aller à St.Shotts? Pour parcourir un de ces déserts de Terre-Neuve qui n’en portent pas le nom mais qui offrent, néanmoins, ce sentiment d’être au coeur d’étendues infinies sans âme qui vive. À moins, bien sûr, d’oublier la route elle-même et le troublant défilé de poteaux électriques long de 10 kilomètres.
Pourquoi aussi, aller à St.Shotts? Pour pouvoir, au retour, écrire être allé dans le village d’un saint qui n’existe pas. Inutile, en effet, de chercher le miracle d’un quelconque Shotts qui lui aurait mérité la canonisation. Plus encore, aucun individu n’a un jour porté ce prénom.
- Vagues de jours calmes à St.Shotts, Terre-Neuve
They live by the sea. They die by the sea. Et, pour l’éternité, Lockyier will see the sea.
Le voyage d’un livre, et de l’itinéraire des managers, et de ceux qui écrivent sur les managers, c’est aussi des temps de pause. Des moments pour ce que certains appellent « prendre du recul », et que d’autres, HM peut-être?, des moments pour regarder, voir et avancer. Pour « Avancer en arrière », comme le disaient jadis les chauffeurs d’autobus montréalais?
Je ne sais pas pourquoi, mais en prenant une pause, cette fin de semaine, j’ai vu en 3D la preuve que ce n’était pas le dur labeur que détestent et qui tuent les hommes et les femmes. Même que jusque dans la mort, des proches d’hommes et des femmes qui les ont aimés proclament leur amour pour le dur labeur, quand, pour eux, il avait un sens.
Voici , croqué avec un iPhone, à Garden Cove, dans la baie de Placentia, à Terre-Neuve, ce que j’ai vu ce matin. Et ce que Lockyier verra pour l’éternité.