Saku. le chien-enquêteur, fait un pari et gagne

Désolée, la marche autour de l’ancienne Miron a été reportée, pour cause de tombée et de courses de fin de semaine… Saku et moi avons donc fait le tour des alentours ces derniers-jours.

Mardi, en approchant du chantier de la 9e avenue que nous visitions dans nos deux récents billets, Saku s’est arrêté. Il a longuement regardé la rue remplie de No Parking, l’homme au travail sur la pancarte et la rue au sol recouvert de concassé. Et il a fait cette prédiction : «Les travaux vont reprendre demain». Je lui ai demandé ce qui lui permettait de jouer les devins. «Les élections municipales sont dimanche. Donc, les travaux vont reprendre demain, juste à temps pour que les gens voient une belle rue neuve en allant voter.»

Ce chien urbain ne lit peut-être pas les nouvelles et n’a aucune espèce d’idée de l’ampleur de ce qu’on y apprend ces jours-ci sur l’industrie de la construction et ses amis en hauts et bas lieux mais chose certaine, il a du flair!

Hier, les camions ont commencé à arriver sur la 9e. Voyez ça comme c’est beau!

9e avenue, 4 jours avant le jour J«Je l’avais dit que les travaux reprendraient. Je te le dis, ils seront finis avant dimanche», m’a nargué Saku. «OK, OK. Mais moi je te dis qu’ils ne seront pas tout à fait finis. Tiens, regardes ça»

On reviendra l'an prochain?

On reviendra l'année prochaine?

Ce soir, à deux jours de l’élection municipale donc, j’abdique : Saku, mon chien enquêteur, avait vu juste. Ça bourdonnait de camions et ça sentait le goudron sur la 9e, pas à peu près.

9e3joursélection

Pavage de la 9e : on ne lésine pas sur l'overtime.

Avant d’arriver sur Masson, Saku s’est encore une fois arrêté. Il m’a montré un gros camion. «Tu ne m’avais pas dit que c’était Infrabec qui avait eu ce contrat? C’est pas le même signe et les mêmes couleurs sur ce gros-là. Vert et jaune, c’est pas mal. Et ces grosses lettres là, ça fesse! Mais j’aime mieux quand c’est rouge et blanc, avec la p’tite pizza.»

9esimardbeaudryOn a terminé notre ronde en allant voir dans la ruelle entre la 9e et la 8e. Elle était pleine de décorations d’Halloween l’an dernier. C’est curieux, il n’y a rien du tout cette année. C’est triste.  Comme le temps qu’on annonce pour la journée des élections municipales à Montréal. Mais au moins, on verra de la belle asphalte en allant voter.

Saku, le marcheur-enquêteur, piste un drôle d’animal…

Et puis, ces recherches sur Infrabec, l’entrepreneur des travaux de la 9e avenue, ça avance? m’a demandé Saku hier au départ de notre marche matinale dans le Vieux-Rosemont. T’inquiètes pas Saku, ça avance. Mais j’ai autre chose à faire ces temps-ci que de raconter mes démarches. Mais ça viendra, crains pas. En attendant, je peux te dire que même les grands médias s’intéressent au contracteur des travaux de la 9e avenue! Il y a eu un reportage à Radio-Canada qui parlait de lui. Tu peux le regarder ici.

Saku sait parfois être patient. Nous sommes donc partis pour la marche. Aux abords du chantier de la 9e, nous avons vu qu’Infrabec ne lésinait pas sur le NO PARKING!

Homme au travail : no parking, 9e avenue, Rosemont, 22 octobre 2009. Photo de cellulaire, excusez-là!

Homme au travail : no parking, 9e avenue, Rosemont, 22 octobre 2009. Photo de cellulaire, excusez-là!

Comme nous n’avions pas l’intention de stationner et que nous étions visiblement de la circulation locale, nous avons décidé d’aller observer  l’évolution du chantier. Premiers constats : le pavage est en attente ( de gel, de neige ou de pluie abondante?) et le seul homme au travail est celui de la pancarte. Mais ça avance: les trous béants dans les trottoirs ont été bouchés par du ciment en processus de séchage. Il y a donc de l’espoir pour les riverains. Quoique…

Danger! On n'est jamais trop prudent dans les conseils aux passants.

Danger! On n'est jamais trop prudent dans les conseils aux passants.

Saku, lui, a été attiré par les sacs de détritus qui s’accumulent dans les crevasses entre le futur pavage et le nouveau trottoir. Il ne s’est pas arrêté longtemps à cet endroit. J’en ai conclu qu’il n’y avait rien d’intéressant à se mettre sous la dent. Mais quelques mètres plus tard, il a repris son travail de marcheur-enquêteur et s’est arrêté là.

Oups! Un oubli dans la réfection du trottoir : des camions de béton devront repasser par ici.

Oups! Un oubli dans la réfection du trottoir : des camions de béton devront repasser par ici.

Saku n’était pas au bout de ses observations de la curieuse façon de notre contracteur d’assurer la sécurité des riverains.

J'espère que celui-là a une sortie par la ruelle, a dit Saku

J'espère que celui-là a une sortie par la ruelle, a dit Saku

Notre marche sur le segment de la 9e avenue en «construction» depuis la fin de juillet 2009 – donc depuis trois mois – allait bientôt prendre fin quand Saku a porté à mon attention ce panneau.

Faut-il vraiment indiquer aux automobilistes qu'ils ne peuvent emprunter un sens unique à l'envers pendant des travaux? m'a demandé Saku.

Faut-il vraiment indiquer aux automobilistes qu'ils ne peuvent emprunter un sens unique à l'envers pendant des travaux? m'a demandé Saku.

J’ai récapitulé les conseils de notre contracteur pour Saku :

– il ne faut pas se stationner sur la 9e avenue quand des pépines sont à l’oeuvre et que la rue est en attente de pavage.

–  il est dangereux de marcher sur les trottoirs en attente de séchage

– dans les travaux de voirie, des oublis sont toujours possibles. Ça confirme le proverbe : Cent fois sur le métier, remettons notre ouvrage, en plus de faire rouler l’économie.

Et, surtout, surtout :

– Il est interdit d’emprunter un sens unique à contre-sens pendant des travaux parce que  la rue est barrée!

***

Nous avons poursuivi notre marche lentement. Saku et moi étions songeurs. En entrant à la maison, mon chien urbain m’a fait cette remarque. «S’il n’était pas mort, je te dirais que ce n’est pas Infrabec qui fait ces travaux mais que c’est Marcel Béliveau qui prépare une nouvelle série des Insolences d’une caméra. Qu’en dis-tu?»

»Saku, un bon enquêteur ne doit écarter aucune piste. Mais dans ce cas, je ne crois pas qu’on prépare une série humorisitique à Montréal ces jours-ci. Il vaut peut-être mieux en rire, tu as raison. Mais comme le disait la défunte revue Croc : c’est pas parce qu’on rit que c’est drôle», que je lui ai répondu.

J’ai ensuite fait une promesse à Saku. «Demain, nous irons marcher autour de l’ancienne Carrière Miron. Et tu comprendras un petit peu plus que ce que tu vois depuis notre retour de Terre-Neuve quand nous nous promenons sur le 9e avenue et dans les alentours a des conséquences étonnantes qui ne sont pas drôles du tout!»

Après une (autre) fugue, Saku devient marcheur-enquêteur

Saku, depuis son retour à Montréal, a visiblement le goût de reprendre le large. Tant et si bien qu’au cours des deux dernières semaines, il s’est poussé à deux reprises d’une brèche de l’enclos canin du Parc Lafond, à Rosemont. Depuis sa plus récente fugue, motivée, je l’ai bien senti, par un coup de foudre pour une moufette, il est condamné à la marche, en laisse. Avant de redevenir aérien ou marin, il est donc à nouveau un pur chien urbain, forcé de fouler le sol des trottoirs montréalais deux fois par jour, sans aller se mesurer à la course avec Bachus ou jouer avec son nouvel ami Joé, un autre hybride en partie descendant de beagle, comme lui.

Bien avant que les  médias sortent jour après jour des exemples de corruption, collusion, confusion, remerciements en tous genre pour faveurs obtenues, etc. Saku, lui, avait déjà commencé à observer d’un oeil de lynx les travaux en cours dans le Vieux-Rosemont. Et le diable d’animal me faisait déjà part de ses constats. Saku parle, est-ce que je l’avais déjà révélé dans ce carnet? Plusieurs de mes amis en sont témoin : Saku parle!

Et c’est ainsi qu’il y a quelques semaines, il s’est arrêté, stupéfait, en marchant sur un trottoir de la 9e avenue, entre Dandurand et Masson. Voyez la scène.

No parking! Les automobilistes fautifs ne pourront pas dire qu'ils n'ont pas été prévenus...

No parking! Les automobilistes fautifs ne pourront pas dire qu'ils n'ont pas été prévenus...

Les travaux de réfection des conduites d’aqueduc centenaires de ce segment de Montréal – absolument nécessaires par ailleurs – avaient débuté pendant notre séjour à Terre-Neuve, fin juillet. Le pavage reste à compléter. Saku suppose que ce sera fait quelques jours avant le 1er novembre, date des élections municipales à Montréal. L’avantage de poser le revêtement final de la 9e avenue à l’automne, par temps frisquet, c’est peut-être que le bitume résistera moins bien aux gels et dégels, m’a expliqué Saku. N’est-ce pas comme ça, c’est-à-dire en planifiant l’obsolescence rapide des travaux de voirie, que les entrepreneurs font rouler l’économie? Et nous roulent par conséquent dans la farine?, a-t-il ajouté.

Saku m’a demandé qui était l’entrepreneur qui avait obtenu ce contrat. C’est Infrabec. C’est écrit sur les camions et la pépine, que je lui ai dit. De retour à la maison, j’ai fait quelques recherches dans le Cyberespace sur l’entreprise en question. Malgré ses talents, mon chien urbain ne sait pas lire et il n’est pas encore féru d’informatique. Nous avons donc convenu d’un partage des responsabilités : je lis et fais des recherches à l’ordinateur et Saku observe d’encore plus près le déroulement des travaux.

Nos démarches combinées nous ont conduit à des découvertes fantastiques, que nous partagerons avec vous dans les prochains jours.

VOYAGER EN AVION AVEC UN CHIEN _ RECTIFICATIF (intro)

Henry Mintzberg, professeur à l’Université McGill et grand penseur du management,  a commis un jour un petit brûlot délicieux et hilarant sur le transport aérien. Je cite de mémoire son avertissement aux lecteurs : Si vous êtes un gestionnaire qui a acheté ce livre pour avoir des conseils en management, j’en ai un seul à vous donner. Lisez ce livre et faites exactement le contraire de que je décris.».

Dans The Flying Circus, Henry passe en revue, avec son regard vif et plein de bon sens, les absurdités du transport aérien,  depuis l’arrivée des passagers dans les stationnements des aéroports – les stationnements, les carrousels à bagages, les douanes, la bouffe, la tarification – jusqu’aux douanes et à la récupération des bagages.

Mon entrevue avec Mintzberg «Les modes en gestion vues du ciel », parue dans La Presse en juin 2007, est largement inspirée par ce bouquin.

The Flying Circus a une lacune fondamentale, une faille fatale même : ce livre n’aborde pas le traitement réservé aux chiens par les compagnies aériennes. À chacun ses préoccupations. Henry n’a pas de chien. Et Henry ne parle jamais de ce qu’il ne connaît pas ou n’a pas minutieusement et personnellement observé.

Dans le tandem basé sur la confiance et le respect mutuel des expertises de chacun que nous avons constitué pendant plus de 18 mois dans les pages de La Presse, je me croyais donc de bon droit autorisée à me prétendre la spécialiste de cette branche du management du transport aérien qu’est le traitement réservé aux chiens en écrivant un article, paru dans La Presse, intitulé : Voyager en avion avec un chien. Cet article a eu un grand succès auprès des lecteurs de ce journal et de Cyberpresse. Il a même été repris dans un magazine destiné aux techniciens animaliers du Québec et affiché dans quelques salles d’attente de vétérinaires. Je l’ai même, avec une certaine fierté, republié dans ce blogue avant mon départ pour Terre-Neuve.

Saku dans la file d'attente au comptoir d'Air Canada à Dorval, le 24 juillet 2005. Un peu comme dans le film La Haine : jusqu'ici, tout va bien.

Saku dans la file d'attente au comptoir d'Air Canada à Dorval, le 24 juillet 2005. Un peu comme dans le film La Haine : jusqu'ici, tout va bien.

Je l’avoue maintenant : ma connaissance du traitement des chiens par LES compagnies aériennes était superficielle, se limitant à un vol aller-retour Montréal-Las Vegas avec escale à Toronto sur les ailes de Westjet. Tout ce que j’étais autorisée à décrire, c’est donc le traitement réservé à un chien faisant un vol aller-retour Montréal-Las-Vegas avec escale à Toronto sur les ailes de Wesjet. J’ai péché par généralisation. À ma décharge, je dois rappeler que je ne suis ni la première ni la dernière journaliste à commettre ce genre de péché.

Ma pire erreur est d’avoir voulu rassurer tous les propriétaires de chiens désireux de barouder sur la planète avec leur fidèle compagnon en leur résumant l’affaire ainsi :

POUR LES TRANSPORTEURS AÉRIENS, LES CHIENS SONT DES BAGAGES VIP.

La formule est accrocheuse certes, mais il aurait été plus juste d’écrire : LE PERSONNEL DE WESTJET A TRAITÉ MON CHIEN SAKU COMME UN VIP. C’est pas mal moins vendeur, et pour les voyageurs, et pour les médias.

Maintenant libérée de l’obligation de prétendre offrir aux lecteurs des recommandations générales, j’annonce que les prochains billets de ce blogue seront un long rectificatif à mon article Voyager en avion avec un chien.

Pour vous mettre en appétit, je vous annonce qu’au moment où j’écris ces lignes :

SAKU EST CONDAMNÉ À DEVENIR TERRE-NEUVIEN, À MOINS QUE JE DÉCAISSE PLUSIEURS CENTAINES DE DOLLARS… ET ENCORE.

IL N’A COMMIS AUCUN DÉLIT CANIN, PAS L’OMBRE D’UN JAPPEMENT INAPPROPRIÉ OU D’UNE MINUSCULE TENTATIVE DE FUGUE.

ET CE CAUCHEMAR EST L’ŒUVRE D’AIR CANADA.

À suivre…

D’ici là, je cours avec Saku assister sous la pluie battante à l’ouverture du Newfoundland and Labrador Folk Festival. Quelqu’un ou quelqu’une, avec une voix puissante, entonnera à cappella The Ode to Newfoundland.

Improvisation mixte. Thème : Vic Vogel. Lieu : Tilting. Catégorie : humour

Je revenais d’une marche sur la Turpin’s Trail de Tilting quand j’ai croisé cet homme.

George, rencontré à Tilting, a été le batteur du Vic Vogel Big Band de Montréal pendant six ans. Photo : Jacinthe Tremblay

George, rencontré à Tilting, a été le batteur du Vic Vogel Big Band de Montréal pendant six ans. Photo : Jacinthe Tremblay

Je lui ai demandé où était le point de départ officiel de la Turpin’s Trail. Il m’a montré une pancarte à quelques mètres d’où nous étions ainsi que l’endroit précis d’où je venais d’arriver. Ma question était stupide! Un sentier de marche de plusieurs kilomètres le long des côtes de Fogo, on le prend à partir de n’importe où!

Lui, était plutôt intéressé à savoir d’où je venais. Sur la planète s’entend. Quand je lui ai dit Montréal, il m’a demandé dans quel quartier j’habitais. Rosemont! Si j’étais resté plus longtemps à Montréal, j’aurais peut-être habité dans ce coinm même si j’aime plus le Plateau, qu’il a tout de suite enchaîné. J’avais, à l’évidence, affaire à un connaisseur. Au point où je me suis demandée si je n’avais pas affaire, tout bêtement, à un Montréalais. Oui et non.

George, c’est son nom, vit en Nouvelle-Écosse. Il est marié à une native de Tilting, d’où sa présence à une des entrées possible de la Turpin’s Trail. George connaît Montréal parce qu’il a étudié en musique à McGill. Il a  habité à Notre-Dame-de-Gräces (NDG). Je lui ai dit que si j’avais plus d’argent, j’aimerais bien habiter dans NDG.

George a aussi fait de la musique à Montréal. Chez Biddle’s, entre autres. Et, pendant six ans, il a répété tous les lundis soirs dans le sous-sol de l’ex Grand café, rue Saint-Denis, avec la joyeuse bande du Big Band de Vic Vogel. Des années de plaisir! Et quelques bonnes anecdotes sur le grand personnage qu’est Vic Vogel.

Comme cette fois où une spectatrice qui faisait des spectacles XXX dans le Village est venu à un show avec son tigre. La bête en question est montée sur scène et s’est installée au pied de la batterie de George. Vic n’a pas aimé cette intrusion. «Il a arrêté la pièce, s’est dirigé vers le tigre et lui a lancé, en lui donnant des coups de pied : Get out of here! Tous les musiciens étaient terrorisés, croyant assister en direct à la mort imminente de Vic. Et bien non, le tigre a quitté la scène. Il s’est plié, comme nous d’ailleurs, aux ordres de Vic», s’est rappelé George.

George m’a raconté cette histoire en anglais, s’excusant de ne plus se souvenir du français, qu’il s’est efforcé d’apprendre pendant son séjour à Montréal. Et il y est allé d’une autre anecdote. «Nous avions l’habitude, après les répétitions, d’aller boire quelques bières sur la rue Saint-Denis. Dans un des cafés, le barman demandait toujours si je voulais une pression (pour draft). Un soir, voulant montrer que j’étais un Anglo plein de bonne volonté, je me suis dirigé au bar et j’ai dit : Je veux un pompier. Le barman m’a regardé dans les yeux et m’a dit : que voulez-vous? Et j’ai répété : Je veux un pompier. Le gars m’a alors dit : Monsieur, si vous voulez un pompier, vous n’êtes pas dans le bon bar.»

Sur ce, George a montré la direction de l’une des entrées de la Turpin’s Trail et m’a lancé : Heureux de t’avoir rencontré. Tu salueras Vic si tu le rencontres. Maintenant, c’est l’heure d’aller boire un pompier.».

rencontre de George à Tilting le  29 juillet 2009 écrite le 1er août à Trinity, Terre-Neuve, au son des cris de CORBEAUX.