Quand je raconte Terre-Neuve en mode papier – deuxième partie

L’édition mai-juin du magazine Géo plein air, fraîchement arrivé en kiosque à Montréal, offre, sous ma signature, un (autre) reportage sur Terre-Neuve. Titre : Le Vieux Rocher en trois temps.. Trois temps, pour trois régions : la péninsule d’Avalon, le parc national du Gros Morne et les îles du nord est de l’île : Twillingate et Fogo.

Pour en savoir plus sur ces lieux, sachez, si vous êtes nouvellement venus dans ce carnet, que j’ai commis plusieurs billets qui les décrivent et racontent leurs habitants. Pour les consulter, il suffit de cliquer sur les mots Terre-Neuve, St.John’s ou Saint-Jean de Terre-Neuve, Fogo et Twillingate dans le «nuage de mots-clés« de ce site ou de les inscrire dans le moteur de recherche.

Le reportage de Géo plein air présente également l’une des photos de mon séjour de l’été dernier. Pour la rendre publiable, j’ai profité de l’expertise de deux «vrais» photographes : ma fille Luce et nul autre que le grand Bernard Brault. J’ai aussi profité de la patience de mon ami Michel Gaudreault – de dos sur la photo – et de mon fidèle chien urbain Saku. Ils m’ont servi de figurants dans cette image croquée sur le sentier de la East Coast Trail qui relie Mobile à Witless Bay.

Michel et Saku sur la East Coast Trail. Été 2009. Photo : Jacinthe Tremblay. Photoshop : Luce TG (pour les contrastes) et Bernard Brault (pour l'horizon).

Saku, le marcheur-enquêteur, piste un drôle d’animal…

Et puis, ces recherches sur Infrabec, l’entrepreneur des travaux de la 9e avenue, ça avance? m’a demandé Saku hier au départ de notre marche matinale dans le Vieux-Rosemont. T’inquiètes pas Saku, ça avance. Mais j’ai autre chose à faire ces temps-ci que de raconter mes démarches. Mais ça viendra, crains pas. En attendant, je peux te dire que même les grands médias s’intéressent au contracteur des travaux de la 9e avenue! Il y a eu un reportage à Radio-Canada qui parlait de lui. Tu peux le regarder ici.

Saku sait parfois être patient. Nous sommes donc partis pour la marche. Aux abords du chantier de la 9e, nous avons vu qu’Infrabec ne lésinait pas sur le NO PARKING!

Homme au travail : no parking, 9e avenue, Rosemont, 22 octobre 2009. Photo de cellulaire, excusez-là!

Homme au travail : no parking, 9e avenue, Rosemont, 22 octobre 2009. Photo de cellulaire, excusez-là!

Comme nous n’avions pas l’intention de stationner et que nous étions visiblement de la circulation locale, nous avons décidé d’aller observer  l’évolution du chantier. Premiers constats : le pavage est en attente ( de gel, de neige ou de pluie abondante?) et le seul homme au travail est celui de la pancarte. Mais ça avance: les trous béants dans les trottoirs ont été bouchés par du ciment en processus de séchage. Il y a donc de l’espoir pour les riverains. Quoique…

Danger! On n'est jamais trop prudent dans les conseils aux passants.

Danger! On n'est jamais trop prudent dans les conseils aux passants.

Saku, lui, a été attiré par les sacs de détritus qui s’accumulent dans les crevasses entre le futur pavage et le nouveau trottoir. Il ne s’est pas arrêté longtemps à cet endroit. J’en ai conclu qu’il n’y avait rien d’intéressant à se mettre sous la dent. Mais quelques mètres plus tard, il a repris son travail de marcheur-enquêteur et s’est arrêté là.

Oups! Un oubli dans la réfection du trottoir : des camions de béton devront repasser par ici.

Oups! Un oubli dans la réfection du trottoir : des camions de béton devront repasser par ici.

Saku n’était pas au bout de ses observations de la curieuse façon de notre contracteur d’assurer la sécurité des riverains.

J'espère que celui-là a une sortie par la ruelle, a dit Saku

J'espère que celui-là a une sortie par la ruelle, a dit Saku

Notre marche sur le segment de la 9e avenue en «construction» depuis la fin de juillet 2009 – donc depuis trois mois – allait bientôt prendre fin quand Saku a porté à mon attention ce panneau.

Faut-il vraiment indiquer aux automobilistes qu'ils ne peuvent emprunter un sens unique à l'envers pendant des travaux? m'a demandé Saku.

Faut-il vraiment indiquer aux automobilistes qu'ils ne peuvent emprunter un sens unique à l'envers pendant des travaux? m'a demandé Saku.

J’ai récapitulé les conseils de notre contracteur pour Saku :

– il ne faut pas se stationner sur la 9e avenue quand des pépines sont à l’oeuvre et que la rue est en attente de pavage.

–  il est dangereux de marcher sur les trottoirs en attente de séchage

– dans les travaux de voirie, des oublis sont toujours possibles. Ça confirme le proverbe : Cent fois sur le métier, remettons notre ouvrage, en plus de faire rouler l’économie.

Et, surtout, surtout :

– Il est interdit d’emprunter un sens unique à contre-sens pendant des travaux parce que  la rue est barrée!

***

Nous avons poursuivi notre marche lentement. Saku et moi étions songeurs. En entrant à la maison, mon chien urbain m’a fait cette remarque. «S’il n’était pas mort, je te dirais que ce n’est pas Infrabec qui fait ces travaux mais que c’est Marcel Béliveau qui prépare une nouvelle série des Insolences d’une caméra. Qu’en dis-tu?»

»Saku, un bon enquêteur ne doit écarter aucune piste. Mais dans ce cas, je ne crois pas qu’on prépare une série humorisitique à Montréal ces jours-ci. Il vaut peut-être mieux en rire, tu as raison. Mais comme le disait la défunte revue Croc : c’est pas parce qu’on rit que c’est drôle», que je lui ai répondu.

J’ai ensuite fait une promesse à Saku. «Demain, nous irons marcher autour de l’ancienne Carrière Miron. Et tu comprendras un petit peu plus que ce que tu vois depuis notre retour de Terre-Neuve quand nous nous promenons sur le 9e avenue et dans les alentours a des conséquences étonnantes qui ne sont pas drôles du tout!»

Après une (autre) fugue, Saku devient marcheur-enquêteur

Saku, depuis son retour à Montréal, a visiblement le goût de reprendre le large. Tant et si bien qu’au cours des deux dernières semaines, il s’est poussé à deux reprises d’une brèche de l’enclos canin du Parc Lafond, à Rosemont. Depuis sa plus récente fugue, motivée, je l’ai bien senti, par un coup de foudre pour une moufette, il est condamné à la marche, en laisse. Avant de redevenir aérien ou marin, il est donc à nouveau un pur chien urbain, forcé de fouler le sol des trottoirs montréalais deux fois par jour, sans aller se mesurer à la course avec Bachus ou jouer avec son nouvel ami Joé, un autre hybride en partie descendant de beagle, comme lui.

Bien avant que les  médias sortent jour après jour des exemples de corruption, collusion, confusion, remerciements en tous genre pour faveurs obtenues, etc. Saku, lui, avait déjà commencé à observer d’un oeil de lynx les travaux en cours dans le Vieux-Rosemont. Et le diable d’animal me faisait déjà part de ses constats. Saku parle, est-ce que je l’avais déjà révélé dans ce carnet? Plusieurs de mes amis en sont témoin : Saku parle!

Et c’est ainsi qu’il y a quelques semaines, il s’est arrêté, stupéfait, en marchant sur un trottoir de la 9e avenue, entre Dandurand et Masson. Voyez la scène.

No parking! Les automobilistes fautifs ne pourront pas dire qu'ils n'ont pas été prévenus...

No parking! Les automobilistes fautifs ne pourront pas dire qu'ils n'ont pas été prévenus...

Les travaux de réfection des conduites d’aqueduc centenaires de ce segment de Montréal – absolument nécessaires par ailleurs – avaient débuté pendant notre séjour à Terre-Neuve, fin juillet. Le pavage reste à compléter. Saku suppose que ce sera fait quelques jours avant le 1er novembre, date des élections municipales à Montréal. L’avantage de poser le revêtement final de la 9e avenue à l’automne, par temps frisquet, c’est peut-être que le bitume résistera moins bien aux gels et dégels, m’a expliqué Saku. N’est-ce pas comme ça, c’est-à-dire en planifiant l’obsolescence rapide des travaux de voirie, que les entrepreneurs font rouler l’économie? Et nous roulent par conséquent dans la farine?, a-t-il ajouté.

Saku m’a demandé qui était l’entrepreneur qui avait obtenu ce contrat. C’est Infrabec. C’est écrit sur les camions et la pépine, que je lui ai dit. De retour à la maison, j’ai fait quelques recherches dans le Cyberespace sur l’entreprise en question. Malgré ses talents, mon chien urbain ne sait pas lire et il n’est pas encore féru d’informatique. Nous avons donc convenu d’un partage des responsabilités : je lis et fais des recherches à l’ordinateur et Saku observe d’encore plus près le déroulement des travaux.

Nos démarches combinées nous ont conduit à des découvertes fantastiques, que nous partagerons avec vous dans les prochains jours.

En méditant Fogo Island – bis

Rappel : lire ou relire d’abord mon billet En méditant Fogo Island… en cliquant ici

En méditant Fogo Island – bis.

Jacinthe Tremblay

Depuis la fin de mon séjour de près d’un mois à Terre-Neuve, les images qui me reviennent le plus souvent en tête sont celles des quelques heures passées à Fogo, la plus grande île au large des côtes de cette immense île qu’est la New Founded Land.

Des paysages à couper le souffle, ai-je déjà écrit. Étranges aussi. Comme ce Brimstone Head, ce rocher improbable qui surplombe l’île et s’avance dans la mer. La Flat Earth Society assure qu’il est l’un des quatre coins de la terre. Ironie, évidemment, puisqu’en franchissant l’interminable escalier de bois construit par des gens de Fogo pour en faciliter l’ascension, on peut très bien voir la courbe de la terre à l’horizon. La forme de notre planète, vue du sommet de Brimstone Head, est perceptible au regard. Et si ce n’était du vent, il y aurait là-haut un silence comparable à celui du désert. Troublant aussi de voir la mer depuis son sommet, à travers la brume.

Brimstone Head, Fogo Island. Photo : Jacinthe Tremblay

Brimstone Head, Fogo Island. Photo : Jacinthe Tremblay

Des gens aussi à couper le souffle. Étranges aussi. Par leur générosité. Comme ces pêcheurs qui m’ont donné, le jour de mon arrivée, un bon 5 kilos de crevettes. Et ce Marshall, qui prend soin du camping du Club Lions situé au pied de Brimstone Head, et qui m’a offert à petit prix la moitié de sa demeure pour que je puisse, au chaud et dans le confort, séjourner dans son île avec mon chien. Et ce Corbitt, propriétaire du marché d’alimentation de Joe Batt’s Arm, une des petites communautés de l’île de Fogo, qui m’a fait monter sur son bateau pour suivre, depuis la mer, la Great Punt Race Regatta. Et Samantha, apprentie chef cuisinière au Nicole’s Café de Joe Batt’s Arm et concurrente de cette course forcée à l’abandon par une méchante crampe.

Samantha, quelques instants avant son abandon de la Great Punt Race Regatta. Photo: Jacinthe Tremblay

Samantha, quelques instants avant son abandon de la Great Punt Race Regatta. Photo: Jacinthe Tremblay

Et Zita Cobb, accueillant les concurrents de la Great Punt Race Regatta sur le quai de Fogo, après leurs 18 kilomètres de course dans des chaloupes à rames dans les eaux tumultueuses entre les îles Fogo et Change. Et Zita Cobb, la richissime Zita Cobb, croquant la remise de prix de cette course avec son minuscule appareil photo, comme la groupie d’une compétition de Formule 1. Et Zita Cobb, regardant deux jours plus tard avec une joie d’enfant mes quelques photos de la Great Punt Race croquées depuis le bateau de Corbitt. Et Zita, encore, me confiant ce soir-là, au Nicole’s Café, les grandeurs et misères de ses efforts pour qu’il y ait une «suite du monde» pour les habitants de son île natale.

Zita Cobb, croquant la remise de prix de sa Great Punt Race Regatta. Photo : Jacinthe Tremblay

Zita Cobb, croquant la remise de prix de sa Great Punt Race Regatta. Photo : Jacinthe Tremblay

Ce soir-là, quand Zita m’a confiée qu’il lui était beaucoup plus difficile de «donner» à Fogo que de «faire le bien» en Afrique – ce qu’elle a d’abord fait aux premières heures de ses activités philanthropiques -, je lui ai spontanément parlé de Guy Laliberté et de son projet d’aller dans l’espace pour y orchestrer une mission sociale et poétique. Elle ne connaissait ni ce projet ni l’homme. Je lui ai alors expliqué que son Cirque menait depuis des années des actions sociales dans plusieurs pays du monde dans l’admiration générale des biens pensants de tous les horizons. J’ai aussi prédit à Zita que sa mission sociale et poétique serait reçue, comme sa Great Punt Race Regatta et ses projets de mise en valeur de son île par l’art et la culture, dans un mélange d’enthousiasme – ailleurs que chez lui – et, à proximité, par beaucoup de scepticisme – au mieux – et énormément d’adversité.

«Vous devriez vous rencontrer. Vous êtes dans une quête semblable. Vous êtes confrontés aux mêmes enjeux, aux mêmes questions», ai-je suggéré à Zita.   Nous avons convenu de poursuivre la conversation, quelque part pendant l’automne 2009. Nous avons depuis confirmé par courriel que nos échanges allaient de poursuivre.

C’était avant le 9 octobre, jour du spectacle De la terre aux étoiles lancé par Guy Laliberté depuis la Station spatiale internationale, dans l’espace et amorcé, sur la scène de la TOHU, la Cité des arts du cirque, à Montréal. Cet ensemble, qui réunit le siège social international du Cirque du Soleil et une résidence pour ses artistes, l’École nationale de cirque et le pavillon TOHU, est, en quelque sorte, la Station terrestre internationale de Guy Laliberté. TOHU existe d’ailleurs en très grande partie grâce à sa philanthropie. Mais ça, c’est une autre histoire.

Le 9 octobre, j’ai assisté à la captation du segment montréalais de ce spectacle puis à sa diffusion sur écran des autres pièces de ce puzzle artistique géant depuis un siège de la salle de la TOHU.  J’étais, en quelque sorte, comme lors de la Great Punt Race Regatta, dans un bateau qui suivait de très près les protagonistes de cette course artistique et technologique autour du monde.

Pendant ces deux heures, j’ai senti, dans la salle, des vents froids semblables à ceux qui soufflaient sur la mer et dans les cœurs des gens massés sur le quai de Fogo, le jour de la Great Punt Race Regatta. J’ai vu et lu, dans les médias d’ici, l’hostilité devant la démesure des moyens déployés par Guy Laliberté pour sensibiliser les Terriens à la cause de l’eau et aussi, les critiques impitoyables du spectacle lui-même. J’ai aussi lu et vu, les réactions émues et parfois démesurément positives, des milliers d’internautes qui, depuis le début de la diffusion de cette expérience sur le WEB, invitent leurs amis Facebook à le regarder et prennent, via le site de One Drop, un engagement concret pour faire avancer la cause de l’eau. Leur goutte à la fois.

Enthousiasme, donc, ailleurs. À proximité, beaucoup de scepticisme – au mieux – et énormément d’adversité. De la part des médias d’ici, d’abord et surtout. Avec une insistance à documenter l’échec qui frôle l’acharnement.

Pendant ce temps, je le rappelle, des Internautes de tous les pays – et des jeunes au premier chef – sont éblouis. Sont-ils cons? Ont-ils oublié les horreurs du monde en regardant – et découvrant, pour nombre d’entre eux – des images à couper le souffle de la beauté de notre planète? Croient-ils vraiment qu’ils résoudront la crise de l’eau en cessant d’utiliser de l’eau en bouteille, comme les incite à le faire One drop? NON, bien évidemment! Le penser même serait faire preuve d’un mépris incroyable pour l’intelligence humaine.

Pourquoi ces réactions aux antipodes? Et si c’était, tout simplement, l’incapacité des uns et la capacité des autres de se laisser aller à l’espoir que leur goutte à la fois, si petite soit-elle, fera une différence – qu’importe ce qui, qui et comment fait naître ce sentiment? Je ne sais pas.  Je n’ai donc pas fini de méditer Fogo Island…

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Écrit le 13 octobre 2009, sur la table de ma cuisine de Rosemont, à Montréal, en écoutant la revue de presse dévastatrice des médias d’ici sur le spectacle De la terre aux étoiles les ondes de Radio-Canada.

Moulin à paroles : 24 heures moins 12 minutes

L’événement Moulin à paroles a pris fin hier, le dimanche 14 septembre 2009. La foule a entonné – ai-je lu dans Le Devoir -, À la Claire fontaine puis, Gens du pays, de Gilles Vigneault.  Nous avions quitté les Plaines. Il fallait bien manger de la nourriture terrestre, après ces heures de grand festin pour l’âme.

Pendant deux semaines – et sans doute dans les prochains jours à la UNE des médias électroniques et en manchette à l’électronique, on parlera de ces douze minutes pendant lesquelles Luc Mervil a occupé la scène en proposant une lecture forte d’un texte qui a fait couler trop de sang, d’abord, et et d’encre plus récemment.

Avant, juste avant, Paul Ahmarani avait dit et chanté à capella la magnifique Suzanne, du grand poète montréalais Leonard Cohen. En anglais. Et entouré des frissons d’émotion des milliers de personnes qui, depuis plusieurs heures, s’imprégnaient de grands textes et de mémoire. Suzanne, c’est aussi partie prenante de ce nous sommes.  Après, juste après, Jean Barbe a lu avec une sobriété remarquable la Lettre de Pierre Laporte à Bourassa pendant sa captivité en octobre 1970. Avant sa mort. La foule que j’ai senti n’a pas reçu ce texte comme une accusation contre l’ancien premier ministre libéral. J’ai eu le sentiment qu’elle voyait défiler bien d’autres otages depuis – en Irak, en Iran, en Colombie… – s’interrogeant sur la juste conduite à adopter par les gardiens de l’État dans de telles circonstances.

Et avant les douze minutes ( Luc Mervil est monté sur scène deux fois, six minutes à chaque fois), longtemps avant, et après, longtemps après, le Moulin à paroles a donné la voix à 153 textes, d’un Extrait de la Flore Laurentienne du Frère Marie-Victorin, lu par Pierre Morency à Oh when de saints, un texte créé pour l’occasion par le poète André Ricard et lu par son fils Sébastien.

***

Avant mon départ pour Québec, j’écrivais y aller pour « écouter, je l’espère, des textes qui permettront de comprendre  d’où nous venons et ce que nous sommes devenus – dans ce cas ci les Québécois -,  avant et après le Manifeste du FLQ. Les quelques minutes annoncées de lecture de ce texte ont, depuis deux semaines, occupé tellement d’espace médiatique, à l’écrit et à l’électronique, que le risque est grand que le sens – et les travers –  de cet événement se perdent dans les Une et les manchettes qui suivront.».

Je m’inquiétais inutilement. Le sens de cet événement n’a pas échappé aux milliers de personnes venus écouter en silence, et avec une attention remarquable, quelques minutes ou les 24 heures du moulin et les milliers d’autres qui ont suivi leur diffusion intégrale à l’antenne de Vox.  Ce que les médias en retiendrons pendant les prochaines heures importe peu. D’autres nouvelles feront taire le Moulin à paroles. Mais je parie que fondamentalement, ce Moulin à paroles  restera dans la Mémoire longtemps.