J’ai vécu le lever du soleil à Zabriskie Point hier, le 19 janvier 2009, la veille des célébrations de l’arrivée de Barak Obama à la Maison-Blanche. Quand j’ai fermé la télé avant de me diriger à ce rendez-vous, CNN délifait des entrevues de personnalités afro-américaines rappellant l’importance de Martin Luther King – le 19 janvier est sa journée.
Quand je suis arrivée au look-out de Zabriskie Point, j’ai vite constaté que le MLK Day était surtout, pour la trentaine de personnes venues assister au lever du soleil, un jour de congé férié et, une occasion d’utiliser leur caméra numérique. TOUS, sauf moi, regardaient le paysage à travers un objectif. Certains étaient ouvertement impatients que l’astre du jour tarde à se montrer. Vite, qu’on en finisse : il me faut rapporter le moment rose des montagnes d’en face. Après cet instant d’ailleurs, l’observatoire s’est pratiquement vidé, laissant aux rares mordus les meilleures places pour l’heure restant des jeux d’ombres et de lumières. Un lever de soleil à Zabriskie Point, en version intégrale, dure plus de deux heures.
Parmi les irréductibles admirateurs de la totale, il ne restait plus, à la fin, que deux hommes et moi. Moi, avec mes seuls yeux comme lentilles. Eux, avec des caméras professionnelles. Le premier, une Canon Mark II, l’appareil récemment acquis par ma fille Luce et dont les capacités transforment déjà son carnet WEB, La liste d’épicerie. Il m’intriguait depuis mon arrivée parce que son appareil était dirigé ailleurs que tout le monde, moi y compris dans lesl photos publiées dans mon billet précédent. Le second a encore plus suscité ma curiosité. En plus de braquer sa caméra dans la même direction que le premier, l’homme dans la cinquantaine utilisait une Hasselblad argentique.

Hasselblad argentique
Il était donc, à l’évidence, un pro ou sinon un amateur extrême.
N’écoutant que ma curiosité, j’ai amorcé une conversation.
– Vous êtes photographe?
– Non. Vous êtes Française?
– Non. Je suis Québécoise. Si vous n’êtes pas photographe, vous êtes quand même équipé comme un pro…
– J’enseigne la photographie dans un collège spécialisé en Ontario et je suis venue ici faire quelques expériences. Il y a une longue et passionnante histoire des relations entre la photographie et Zabriskie Point.
– Pouvez-vous m’en parler un peu?
En me prévenant qu’il n’était pas un spécialiste – ce que j’ai pris avec un grain de sel puisqu’il venait de me dire qu’il n’était pas un photographe (il a précisé commercial par la suite), il m’a parlé d’Edward Weston , présenté par ses héritiers comme le photographe américain le plus influent du 20e siècle. Il est célèbre, notamment, pour ses nus, si j’en juge les prix demandés pour des imprimés par ses descendants. (plus de 10 000.$). Dans les années 1930, Weston a photographié plusieurs sites de l’Ouest américain grâce à une bourse Guggenheim. Il a photographié Death Valley en 1938 et en a tiré une de ses images les plus connus de Zabriskie Point.

Point Lobos. Zabriskie Point. Edward Weston. 1938
En ce 19 janvier 2009, jour de Martin Luther King, c’est cette image que les deux photographes rencontrés au sommet de Zabriskie Point et qui y étaient venus ensemble cherchaient à reproduire. Le premier avec sa Canon Mark II et l’autre avec sa Hasselblad argentique.
L’homme à la Hasselblad m’a dit son nom. Si je le retrouve dans Internet, je vous le présenterai. Depuis cette rencontre, je vois d’un autre oeil des touristes à la caméra. Il y a peut-être un futur Edward Weston qui sommeille en eux. Ou encore un William Henry Jackson. Celui-là est responsable des premières photos de l’Ouest américain, en 1871. C’est en voyant ses images que le Congrès américain a décidé de créer, en 1872, le premier parc national des Éatats-Unis, le fameux Yellowstone de Yogi l’ours.
PS. sur l’heure du lever de soleil. It depends of what you want to see, m’a expliqué très judicieusement Roy, le gardien du camping du Panamint Springs Resort. Le soleil n’est pas une ampoule qu’on met à on ou à off à une heure précise, a-t-il ajouté.
J’ai retrouvé hier avec plaisir ce sage homme du désert. Dans une heure, nous partons ensemble vers le village fantôme de Darwin où vivent environ 50 personnes. Nous allons rencontrer la postière, une source intarrissable d’anecdotes, selon Roy. Je verrai alors si la Vallée de Panamint vibre au party Obama. Roy, lui, n’est pas très axcité par ce moment historique. Il attend de voir ce que ça va donner.
Écrit depuis une table ronde installée en face de ma chambre du Panamint Springs Resort. Clichés à venir de cet univers, de Roy et des traces d’Obama dans le désert.
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