Obama au Canada, queue de castor et Hollywood

Ce billet s’écarte largement de mes entrées habituelles dans ce carnet. C’est qu’il y a des événements que la journaliste que je suis brûle d’envie d’éclairer de son expérience et de ses connaissances.  À défaut d’un diffuseur dans les médias officiels, j’ai décidé, aujourd’hui, d’utiliser mon médium – ce carnet – pour contester, par des faits, l’interprétation largement répandue dans la confrérie journalistique des comportements en apparence erratiques du président des États-Unis en matière d’horaires. Jacinthe Tremblay.

Un détour au marché By pour une queue de castor

Photo : Reuters.

Obama au Canada, queue de castor et Hollywood.

Moment historique d’un moment historique au Canada, hier : le Président de nos Voisins  a acheté une queue de castor, des biscuits en forme de feuille d’érable pour ses filles et un foulard pour sa femme Michelle dans un marché public d’Ottawa. Voici comment cette incartade a été présentée dans  Le Devoir. « Le président Obama pris l’habitude aux États-Unis de changer ses itinéraires à la dernière minute pour aller à la rencontre des citoyens, que ce soit dans la rue ou les restaurants. De quoi faire virer fous ses agents secrets et gardes du corps. Sa visite au Canada n’a pas fait exception, alors que le président a fait un détour par le marché Byward en fin de journée, près de la colline parlementaire, où il a acheté en vitesse une queue de castor sous les yeux ébahis des passants

Récit similaire dans La Presse«Jessica Milien a eu de la difficulté à dormir dans la nuit de mercredi à hier. «Je suis une admiratrice d’Obama et j’ai rêvé à ça toute la nuit: Obama vient aujourd’hui ! « Quand cette jeune femme noire d’une vingtaine d’années s’est rendue au travail, dans son kiosque de queues de castor du marché By, elle ne pensait quand même pas que ses rêves deviendraient réalité. Et pourtant! Vers 15h45, un agent de sécurité s’est approché et a poliment demandé l’une de ces pâtes frites et sucrées pour son patron : Barack Obama. Elle a jeté un coup d’oeil et de fait, une limousine attendait un coin de rue plus loin, et le 44e président des États-Unis était à côté. «On a choisi de lui apporter la queue de castor Obama. On a marché pour aller le voir et la lui donner «, a raconté Mme Milien, toujours sous le choc quelques minutes plus tard. «Wow! C’est ce qu’a dit le président en apprenant qu’une queue de castor avait été nommée en son honneur «, a-t-elle dit aux journalistes. La pâtisserie en question, qui a la forme d’une queue de castor, est recouverte de cannelle, d’un O en crème fouettée, de sirop de chocolat et de beurre d’érable. Le président n’a pas dit ce qu’il en pensait. Il s’est engouffré dans sa limousine et a filé vers l’aéroport . Il avait déjà 15 minutes de retard sur son horaire.

La sécurité sur les dents

C’est que cette virée était complètement inattendue : après sa rencontre sous haute surveillance avec le premier ministre Stephen Harper au parlement, M. Obama a tout simplement décidé d’aller prendre un bain de foule dans le quartier touristique et historique du marché By. Ce n’était pas prévu : le dispositif de sécurité n’avait pas été étendu jusque dans ce quartier adjacent à la colline parlementaire. Le président s’est promené en souriant, sous les regards inquiets des membres de son service de sécurité.»

Naïveté, au mieux!

Il y a un peu et beaucoup de naïveté dans cette interprétation des faits et gestes présidentiels de la part des médias – Le Devoir n’est pas le seul à avoir souligné les surprises réservés à ses gardes du corps par Obama -. L’horaire du président des États-Unis est réglé au quart de secondes entre sa garde très très rapprochée et les services secrets. S’il surprend les médias, c’est que cet horaire n’est jamais diffusé à l’avance, justement pour des raisons de sécurité.

Les détails du passage de Barak Obama au Marché By en sont la meilleure preuve. Le Président avait un billet de 20$ canadien. Il a acheté, pour sa propre consommation, une queue de castor – c’est une patisserie – baptisée Obamatail, mise en marché le 20 janvier 2009, jour de son assermentation. Il a acheté pour ses filles des biscuits en forme de feuille d’érable – l’emblème canadien. Et un foulard pour sa femme. L’une des employées d’un stand où il s’est arrêté était Noire… Barak Obama a beau être d’une intelligence supérieure, il est IMPOSSIBLE qu’il ait détecté, par hasard, autant de produits aussi symboliques. Il est aussi hautement improbable qu’il ait eu dans ses poches un 20$ canadien en l’empruntant à Stephen Harper lors de son entretien privé! Et il est CONSTERNANT que les médias n’aient pas noté ces détails.

Pour que ce scénario se concrétise, chaque milimètre de son passage au marché avait été «sécurisé» depuis des jours, sinon des semaines, par des membres des services secrets canadiens et américains. Sans que personne ne puisse imaginer que ces policiers, sans doute camouflés sous l’apparence de clients déambulant lentement – avec des chiens? -,  préparaient le passage soi-disant surprise de Barak Obama.

C’est comme ça qu’ils travaillent les services secrets. Je le sais d’expérience. Pendant l’une de mes incursions professionnelles hors journalisme, j’ai été associée à l’accueil, à Montréal, du maire de New-York, en 1991. David Dinkins, un Noir plus Noir qu’Obama, était précédé et entouré d’un dispositif de sécurité impressionnant sous la responsabilité d’une équipe nombreuse. C’était avant le 11 septembre mais après l’assassinat de Martin Luther King et des frères Kennedy.  On ne badinait pas avec la sécurité d’un maire Noir de la ville-centre de l’économie planétaire.

David Dinkins a rendu fou la firme de relations publiques privée chargée par son cabinet de faire connaître aux organisateurs de l’événement auquel il participait les détails de sa venue – et il a par conséquent rendus fous ces mêmes organisateurs, des contractuels à l’emploi de la Ville de Montréal. Le chef de la sécurité de l’événement, les responsables de la GRC, de la Sureté du Québec et du Service de police de défunte Communauté urbaine de Montréal eux, avaient son agenda réel, et tout «imprévu» qui s’y ajoutait – comme une visite «surprise» au Musée des Beaux-Arts, avait, pour se concrétiser, fait l’objet d’intenses négociations entre les policiers d’ici et des États-Unis. Très peu de gens connaissaient ses plans, et surtout pas les médias. Créer pour eux la «surprise» est un des aspects fondamentaux des mesures de sécurité déployées autour des élus qui sont des cibles de choix. Si c’était vrai en 1991 pour un maire de New-York, c’est encore plus vrai pour un président des États-Unis – peu importe la couleur de la peau – en 2009.

Ce qui est très impressionnant dans la petite virée de Barak Obama au Marché By, c’est la capacité inouïe de cet homme et de son entourage de créer des scènes dignes d’Hollywood qui durent le temps précis des manchettes des bulletins de nouvelles et peuvent instantanément faire le tour du monde sur des écrans de téléphone cellulaire. C’est aussi, et c’est encore plus impressionnant, les choix de gestes, à la fois symboliques au plan diplomatique mais toujours, profondément humains, retenus par l’homme et ses scénaristes.

Quelques raisons de croire au changement chez nos Voisins : www.npr.org

Pendant mes longues heures de route dans le désert, là les signaux radios étaient encore accessibles, j’ai écouté avec un immense plaisir la National Public Radio des États-Unis d’Amérique. Peu importe où vous êtes sur cet immense territoire, la NPR possède une antenne locale qui présente l’actualité et les affaires publiques du coin ainsi qu’un choix de reportages d’autres stations liées à NPR ailleurs au pays et de ses correspondants ailleurs dans le monde.

Au moment où j’écris ces lignes, j’écoute le nouveau Bruce Springtein, diffusé gratuitement, intégralement et en exclusivité sur NPR. C’est aussi sur ce réseau que j’ai découvert Animal Collectives, un ensemble musical fort étonnant qui mérite le clic avec l’hyperlien.

C’est aussi en syntonisant la station KNPR de Las Vegas que j’ai découvert une facette de l’action sociale du Cirque du Soleil dans la Ville du Vice. Moins de cinq minutes après la location de mon auto, lors de mon arrivée dans cette ville le 17 janvier 2009, j’ai entendu un message publicitaire annonçant la tenue d’un événement bénéfice au profit de la Nevada Public Radio. En voici la version publiée dans les pages de  KNPR. On y trouve plusieurs liens avec des émissions diffusées lors du lancement du spectacle LOVE. Les fans qui n’ont pas encore vu cette petite merveille de spectale peuvent aussi y acheter des billets, pour le plaisir et pour la cause.

Au cours des prochains jours, je vais me remettre sérieusement au boulot lucratif, tout en continuant d’écouter NPR pour suivre ce qui se passe dans le pays d’Obama. De retour à Montréal, j’ai en effet constaté qu’outre le projet de Monsieur et Madame, je n’avais pas raté grand chose dans les nouvelles d’ici et du monde au Panamint Springs Resort, ce minuscule au milieu de nulle part dans la Vallée de la Mort.

Nevada Public Radio

LOVE
20 years The Mirage

Join us for The BeatlesTM LOVETM
at The Mirage

Help! I need somebody.

THURSDAY, FEBRUARY 5TH, 2009
7:00 p.m. or 9:30 p.m.
Members $125 per ticket.
Listeners $150 (membership included)

<!– –>Click here to order tickets.

LOVE brings the magic of Cirque du Soleil® together with the spirit and passion of The Beatles to create an intimate and powerful entertainment experience.

With LOVE, Cirque du Soleil celebrates the musical legacy of The Beatles through their timeless, original recordings. Drawn from the poetry of the lyrics, the show explores the content of the songs as interpreted by innovative performances from a cast of 60 international artists. A youthful, raw energy is channeled through aerial performance, extreme sports and urban freestyle dance.

If you attend the 9:30 p.m. show, Nevada Public Radio ticket holders will enjoy a post-show Q & A with cast/crew members. Join us!

Enjoy web extras on LOVE and The Beatles

»KNPR’s State of Nevada: Sir George Martin
»NPR: ‘Love’ Brings Beatles and Cirque Du Soleil Together
»NPR: ‘Hard Day’s Night’: A Mathematical Mystery Tour
»NPR: Beatles’ ‘Eleanor Rigby’ Mystery May Be Solved
»NPR: George Martin: ‘The Fifth Beatle’ Returns

And read more from the local press

»LVRJ: SHOW REVIEW: ‘Love’
»LV Sun: ‘Love’ is constant, ‘Love’ is stunning

Echos photos de Zabriskie Point pour le 5 à 7 du BO Day

Après avoir vécu un moment historique avec la dame à latélécommande de Stovepipe, j’avais décidé de cesser ma quête des échos obamabiennes dans Death Valley jusqu’à ce que je rencontre Geoffrey et Debra pour un 5 à 7 impromptu sur notre terrasse commune du Panamint Springs Resort. J’ai su immédiatement qu’ils étaient Britanniques, à leur accent. Ils vivent à Londres. Ils ont immédiatement su que je n’étais pas Américaine, et même pas Française, au mien.

Ils avaient rapidement, le matin, regardé la transmission de l’inauguration de BO à Furnace Creek. Ils avaient aussi constaté être les seuls dans ce lieu à sembler être excités par l’événement. Fin des échanges sur l’actualité et début des commentaires sur nos périples respectifs.   Nous avons immédiatement fait plusieurs consensus : ce désert est magnifique, le Strip de Las Vegas est insupportable, les prix du restaurant du PSR sont indécents et le lever du soleil à Zabriskie Point est un spectacle inouï.  

« C’est une expérience incroyable. Je suis photographe», a dit Geoffrey. Et de trois! Après les deux profs ontariens rencontrés le 19, jour de Martin Luther King, voilà que je tombe le jour de Barak Obama, sur un photographe britannique spécialiste de la vie sauvage aujourd’hui recyclé en photographe d’architecture principalement résidentielle, puisqu’il faut bien en vivre.  Geoffrey a pris ses images du lever de soleil avec une Nikon argentique. Elles seront visibles dans les prochaines semaines dans son site Internet . J’ai fait un tour : c’est un pro.

J’ai demandé à Geoffrey s’il connaissait Edward Weston,  le photographe dont m’avait parlé le photographe ontarien rencontré la veille. «Weston est connu mais c’est aussi parce qu’il était un ami personnel d’Ansel Adams,  un photographe plus commercial que Weston qui était lui, plus artistique», m’a-t-il dit avec un petit air coquin, parfaitement conscient de mon ignorance. Ansel Adams??? «Adams est l’un des photographes les plus célèbres au monde. Il a développé la théorie de la visualisation.»

En visitant le site Internet consacré à son oeuvre et à sa vie, le  www.anseladams.com, j’ai réalisé que nous connaissons tous au moins une de ses photos,  un peu comme nous avons tous entendu un jour  un air des Beatles ou de Mozart. Adams était aussi, un grand environnementaliste.

J’ai renoncé à introduire ici une photo de Adams, son site étant très bien conçu pour protégér les redevances de ses droits d’auteur… À la place, et en dépit de la pauvreté technique et artistique de ma production,  je vous laisse quelques «clichés» personnels des Sand Dunes de Death Valley pris le 19 janvier. Ce genre de paysage correspond à l’idée que les  cours de géographie de mon école primaire  inculquaient des  déserts.   Pendant très longtemps, je croyais qu’ils étaient tous en Afrique, habités uniquement par des chameaux et, évidemment, sans aucune végétation ni montagne. C’est un peu plus compliqué que ça, comme tout le reste…

Les Sand Dunes de Death Valley, près de Stovepipe.

Les Sand Dunes de Death Valley, près de Stovepipe.

Les dunes de sable au pied des montagnes de Death Valley

Les dunes de sable au pied des montagnes de Death Valley

Monument historique à Darwin, Californie

L'obélisque de The MADAM de Darwin, Californie. 20 janvier 2009.

L'obélisque de The MADAM de Darwin, Californie. 20 janvier 2009.

En ce BO Day, je suppose que la terre entière a vu à saciété l’obélisque de Georges Washington, à Wahsinton, le lieu même d’un moment Historique. Désolée de ne pas inclure ici une image de ce monument historique. L’accès internet du Panamint Springs Resort – et les lois de protection des droits d’auteur et du droit à l’image – ne me permettant pas de les montrer ici.

Ceci étant écrit, je m’autorise à vous montrer un monument historique croqué à Darwin en ce jour historique.

L’obélisque du cimetière de Darwin, un village minier de la ruée vers l’or, a été érigé par un amoureux – Bill Jackson, qui repose d’ailleurs en paix, on l’espère pour lui, à ses pieds – de The Madam Nancy Williams. Dans le langage de l’Ouest, une madame est une tenancìère de bordel.

Nancy Williams, si je comprends bien, est née le 13 septembre 1877 et est morte à l’âge de 45 ans, à Darwin.

The Madam  occupe la place la plus en vue du cimetière de Darwin,  un petit village presque fantôme où vivent en 2009 un peu plus de 50 hommes seuls et une postière et ses deux chiens.  Un cimetière qui nous en apprend beaucoup sur l’Histoire des États-Unis et qui nous permet d’espérer qu’Obama gagnera son pari.  Pourquoi ? À suivre sous peu, quand le lien internet sera plus rapide.