Henry Mintzberg, professeur à l’Université McGill et grand penseur du management, a commis un jour un petit brûlot délicieux et hilarant sur le transport aérien. Je cite de mémoire son avertissement aux lecteurs : Si vous êtes un gestionnaire qui a acheté ce livre pour avoir des conseils en management, j’en ai un seul à vous donner. Lisez ce livre et faites exactement le contraire de que je décris.».
Dans The Flying Circus, Henry passe en revue, avec son regard vif et plein de bon sens, les absurdités du transport aérien, depuis l’arrivée des passagers dans les stationnements des aéroports – les stationnements, les carrousels à bagages, les douanes, la bouffe, la tarification – jusqu’aux douanes et à la récupération des bagages.
Mon entrevue avec Mintzberg «Les modes en gestion vues du ciel », parue dans La Presse en juin 2007, est largement inspirée par ce bouquin.
The Flying Circus a une lacune fondamentale, une faille fatale même : ce livre n’aborde pas le traitement réservé aux chiens par les compagnies aériennes. À chacun ses préoccupations. Henry n’a pas de chien. Et Henry ne parle jamais de ce qu’il ne connaît pas ou n’a pas minutieusement et personnellement observé.
Dans le tandem basé sur la confiance et le respect mutuel des expertises de chacun que nous avons constitué pendant plus de 18 mois dans les pages de La Presse, je me croyais donc de bon droit autorisée à me prétendre la spécialiste de cette branche du management du transport aérien qu’est le traitement réservé aux chiens en écrivant un article, paru dans La Presse, intitulé : Voyager en avion avec un chien. Cet article a eu un grand succès auprès des lecteurs de ce journal et de Cyberpresse. Il a même été repris dans un magazine destiné aux techniciens animaliers du Québec et affiché dans quelques salles d’attente de vétérinaires. Je l’ai même, avec une certaine fierté, republié dans ce blogue avant mon départ pour Terre-Neuve.

Saku dans la file d'attente au comptoir d'Air Canada à Dorval, le 24 juillet 2005. Un peu comme dans le film La Haine : jusqu'ici, tout va bien.
Je l’avoue maintenant : ma connaissance du traitement des chiens par LES compagnies aériennes était superficielle, se limitant à un vol aller-retour Montréal-Las Vegas avec escale à Toronto sur les ailes de Westjet. Tout ce que j’étais autorisée à décrire, c’est donc le traitement réservé à un chien faisant un vol aller-retour Montréal-Las-Vegas avec escale à Toronto sur les ailes de Wesjet. J’ai péché par généralisation. À ma décharge, je dois rappeler que je ne suis ni la première ni la dernière journaliste à commettre ce genre de péché.
Ma pire erreur est d’avoir voulu rassurer tous les propriétaires de chiens désireux de barouder sur la planète avec leur fidèle compagnon en leur résumant l’affaire ainsi :
POUR LES TRANSPORTEURS AÉRIENS, LES CHIENS SONT DES BAGAGES VIP.
La formule est accrocheuse certes, mais il aurait été plus juste d’écrire : LE PERSONNEL DE WESTJET A TRAITÉ MON CHIEN SAKU COMME UN VIP. C’est pas mal moins vendeur, et pour les voyageurs, et pour les médias.
Maintenant libérée de l’obligation de prétendre offrir aux lecteurs des recommandations générales, j’annonce que les prochains billets de ce blogue seront un long rectificatif à mon article Voyager en avion avec un chien.
Pour vous mettre en appétit, je vous annonce qu’au moment où j’écris ces lignes :
SAKU EST CONDAMNÉ À DEVENIR TERRE-NEUVIEN, À MOINS QUE JE DÉCAISSE PLUSIEURS CENTAINES DE DOLLARS… ET ENCORE.
IL N’A COMMIS AUCUN DÉLIT CANIN, PAS L’OMBRE D’UN JAPPEMENT INAPPROPRIÉ OU D’UNE MINUSCULE TENTATIVE DE FUGUE.
ET CE CAUCHEMAR EST L’ŒUVRE D’AIR CANADA.
À suivre…
D’ici là, je cours avec Saku assister sous la pluie battante à l’ouverture du Newfoundland and Labrador Folk Festival. Quelqu’un ou quelqu’une, avec une voix puissante, entonnera à cappella The Ode to Newfoundland.