Le 3 juillet, Terre-Neuve-et-Labrador passera à l’heure de la « Bulle Atlantique ». Quiconque habite au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et à l’Île-du-Prince-Édouard pourra venir donc y venir sans obligation de quarantaine. L’inverse sera possible aussi. Ainsi en ont décidé les premiers ministres des quatre provinces. Or, plusieurs voix s’élèvent en faveur du maintien serré du contrôle des frontières de la province, notamment par le biais d’une une pétition lancée il y a quelques heures sur le site Change.org et qui accumule les signatures à la vitesse de la hausse du nombre de cas de Covid-19 aux États-Unis. J’en suis.
Lire la suiteAuteur : neuveterre09
Sur les traces d’un cas de Covid-19 à Terre-Neuve – Le Partenariat On the Move est On the Go
Sur les traces d’un cas de Covid à Terre-Neuve – La très longue journée entre le départ et le retour à la maison
J’ai un jour assisté à un atelier de bande dessinée dans une école primaire de la péninsule de Port-au-Port, sur la côte ouest de Terre-Neuve. Les élèves devaient créer un héros doté de pouvoirs magiques à partir d’un animal qu’ils avaient déjà vu. Sarah, une élève de deuxième année, a dessiné un renard. « Quels sont ses pouvoirs? », lui a demandé son enseignante. « Il peut voir jusqu’en Alberta », a répondu illico la petite fille. C’est aussi le souvenir de cet enfant qui a motivé ma détermination de suivre les traces d’un cas de Covid terre-neuvien venu des sables bitumineux de l’Alberta.
Lire la suiteSur les traces d’un cas de Covid à Terre-Neuve – préambule d’un tour du monde
L’élément déclencheur – Le 15 avril 2020, la médecin en chef de l’Alberta, Dre Deena Hinshaw révélait l’existence d’un foyer de propagation de la Covid-19 au site d’exploitation pétrolière Kearl Lake de la compagnie Imperial Oil. Dans les heures qui ont suivi, une femme de la côte ouest de l’île de Terre-Neuve relayait l’information sur sa page Facebook. Message implicite : le virus de Kearl Lake s’en vient ici! Elle voyait juste.
Le 22 avril, la médecin en chef de Terre-Neuve-et-Labrador, la Dre Janice Fitzgerald, annonçait qu’un nouveau cas de Covid-19 dans la province était relié à ce foyer d’éclosion et elle ordonnait à quiconque était de retour dans l’île depuis ce site de contacter immédiatement le 811, la centrale d’appels de la santé. Les jours suivants, 35 personnes de retour de Kearl Lake avaient composé ce numéro. Au dernier décompte rendu public, le 17 juin, ce nid d’infection avait généré « officiellement » plus de 117 cas directs positifs dans cinq provinces, soit l’Alberta, la Colombie-Britannique, la Saskatchewan, la Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve-et-Labrador. Dre Hinshaw retirait alors Kearl Lake de la liste des sources de propagation.
Sur les traces d’un cas de Covid
Par curiosité au départ, et bien sincèrement, pour m’activer intellectuellement entre le ménage, la couture et la cuisine dominant mes journées en isolement, j’ai décidé de suivre les traces de ce cas interprovincial et de me replonger dans des enjeux sociaux sur lesquels j’avais déjà écrit à l’époque où je signais la chronique « Vie au travail » de La Presse.
Au fil de mes recherches, documentaires d’abord, puis d’entrevues avec des gens qui se déplacent à des milliers de kilomètres de la maison pour gagner leur vie et celle de leurs proches ainsi que des chercheur.es préoccupé.es de leur condition, j’allais bientôt faire un long voyage ponctué d’escales et de détours dans plusieurs provinces et territoires du Canada en plus me retrouver, à l’occasion, dans des régions du monde très loin d’ici. Mais j’allais surtout faire le tour d’un monde du travail encore trop méconnue. Par désir de faire oeuvre utile et pour, enfin, concrétiser mon projet de reprendre les publications régulières dans ce carnet, je raconterai ici, à la manière d’un « road trip », mon périple dans l’univers de cette « main-d’oeuvre mobile », ainsi qu’elle est désignée par les chercheur.es et des bouleversements énormes provoqués par la pandémie actuelle pour ces dizaines de milliers de personnes et leurs proches.
Et bientôt un tour du monde
Vous voulez-être du voyage? Les départs auront lieu les lundi, mercredi et vendredi. Aucune réservation n’est requise mais si vous voulez embarquer, la meilleure façon de ne rater aucun segment de l’itinéraire est de vous abonner à ce carnet – voir dans la colonne de droite de la page d’accueil.
Le premier segment, à paraître le 19 juin, vous fera faire l’aller-retour entre un village côtier de Terre-Neuve et le site de Kearl Lake, en Alberta, avant et depuis Covid.
Préparez votre lunch, apportez votre masque et de la lecture : le parcours est long.
Viendras-tu nous visiter? En Syrie
Ma toujours fidèle Bérénice (Berry Nice) sert depuis plusieurs semaines à des cours de conduite à Mamdouh et Mohamad. Décrire nos activités comme des cours de conduite est en fait quelque peu exagéré puisque nous roulons en rond dans le stationnement de Confederation Building, à St.John’s. L’activité est minutée : 10 minutes chaque. On alterne, on passe le volant à l’autre. Et on négocie outrageusement la minute de plus pour passe la route. On négocie aussi le volume du son. Comme tous les ados de ce monde, ils s’essaient. On met ça à 26, 28. Je ramène ça à 22. Ils ont droit à leur musique. Du rap, la plupart du temps. Leur chanteur favori est une énorme vedette irakienne. Des millions de hits sur YouTube. Un pure inconnu ici. C’est assez bon. Un rift de guitare assez réussi. De quoi parlent ses chansons? Aucune idée.
Aujourd’hui, fait nouveau : ils ont arrêté la musique. Silence? Pas vraiment. Ils parlent sans arrêt. De quoi? Aucune idée. J’écoute la musique de leur langue et c’est bien ainsi.
Mais quand j’ai reconnu mon prénom, je leur ai demandé s’ils parlaient de moi. Ils m’ont dit oui. Je leur ai demandé ce qu’ils disaient.
Ils m’ont dit qu’ils se demandaient si j’allais aller les visiter en Syrie ou s’ils viendrait me visiter à Terre-Neuve.
Vous allez retourner en Syrie? que je leur ai demandé. Bien sûr! qu’ils m’ont répondu. Nous te ferons visiter notre maison.
J’ai pris une grande respiration et je leur ai dit : Mais, la guerre…
Ils n’ont rien dit.
Et puis j’ai dit : Vous avez raison, cette guerre, elle va bien finir un jour!
Ils ont souri.
Je ne leur ai pas promis que j’irais les visiter. Ils ne m’ont pas promis qu’ils viendraient de visiter.
Mais cette guerre finira bien un jour, n’est-ce pas?