Il y aura 100 ans dans deux jours, les premiers signaux de détresse du Titanic étaient captés à Cape Race, à l’extrémité nord-est de l’île de Terre-Neuve. Le navire avait frappé un iceberg à plus de 200 milles marins de ses côtes mais grâce à la technologie sans fil, et à la présence de corps et d’esprit d’être humains connaissant la mer, les premiers secours pouvaient être déclenchés.
Il y aura, dans deux jours, commémorations à Cape Race. J’en serai. Mais je ne peux m’empêcher de penser que nous assistons actuellement à un autre très grand naufrage : celui d’un État soucieux du bien commun, en contact avec le monde et protégeant comme la prunelle de ses yeux les droits de ses citoyens.
Et qui, au surplus, s’affaire à réduire à néant l’émission de signaux de détresse, comme les appels à l’espoir de pans entiers de sa population.
Tel est, à mes yeux, le résultat inévitable des coupures dans les budgets d’organismes tels Radio-Canada/CBC, Téléfilm Canada et l’Office national du film (NFB). C’est aussi le résultat inévitable, à moyen sinon à court terme, de la fin du soutien financier au Programme d’accès communautaire à Internet annoncé par Industrie-Canada il y a quelques jours.
« Tout le monde a maintenant Internet », prétend le gouvernement fédéral. FAUX. Dans la péninsule de Port-au-Port, où je séjournais récemment, les locaux du PAC sont, pour de très nombreuses personnes, la seule façon d’accéder à Internet haute vitesse. Et dans certains villages de cette région de la Côte ouest de Terre-Neuve, les téléphones, même les plus intelligents, affichent : réseau non disponible.
Cette coupure a eu moins d’écho dans les médias de la Mainland, ainsi que les Terre-Neuviens désignent le reste du Canada, que les mesures de réduction des effectifs et des budgets des grandes institutions de la culture qui ont leurs sièges sociaux à Toronto ou à Montréal. Mais, je le répète, ses impacts sur les communautés rurales sont dévastateurs.
Les autres coupures du gouvernement conservateur de Stephen Harper dans la province commencent à être connus. Dans cette nouvelle de CBC, on apprend, entre autres, que l’Agence canadienne des services frontaliers perdra son directeur pour la province ainsi que le seul chien entraîné pour détecter les drogues et des armes sur l’immense territoire de l’île de Terre-Neuve et du Labrador, autrement nommé The Big Land .
Personne ne pleurera la perte d’emploi du petit Beagle. Il se trouvera même des gens pour s’en réjouir. Les mêmes, sans doute, qui se sont réjouis de la destruction annoncée du Régistre des armes à feu.
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Dans quelques jours, je participerai au Forum Atlantique Branché qui aura lieu à Dieppe, au Nouveau-Brunswick. Un événement intéressant, important et fort pertinent pour les entrepreneurs et les communautés éloignées des métropoles comme Toronto et Montréal.
Dommage qu’au même moment, le gouvernement conservateur de Stephen Harper s’active à débrancher l’Atlantique.