Ma quête Aéroplan : une précision empruntée à André Brassard


Depuis la création de ce carnet, plusieurs visiteurs y sont atterris dans l’espoir d’en savoir plus sur le programme de fidélisation Aéroplan et, plus particulièrement, de l’opération Station déjeûner, qui invite les consommateurs à accumuler des milles aériens en buvant des mers de jus d’orange et des tonnes de céréales et en entrant, un à un, des NIP à 12 signes dans de petites fenêtres d’un site Internet créé à cet effet.

Sachez que je me livre depuis bientôt trois ans à ce petit manège imprégnée par une détermination de tous les instants de «battre la banque». Je crois y être parvenue en partie en accumultant assez d’entrées dans ce site pour avoir troqué des milles contre un vol-aller retour Montréal/Saint-Jean de Terre-Neuve.  Pas mal, quand même! Mais cette victoire n’a rien changé à ma conviction que de tels programmes de fidélisation sont des machines à vendre du vent, ou, encore mieux dit, à vendre des »illusions de prospérité». Ces mots sont d’André Brassard, le metteur en scène de dizaines de pièces de théâtre, dont les célèbres Belles-soeurs, de Michel Tremblay.

Au cours des dernières semaines, un heureux contrat m’a permis d’être plongée à temps plein dans cette oeuvre, en vue d’une exposition qui sera présentée à Montréal en 2010.  Au cours de mes recherches, j’ai relu cette merveille de petit livre d’entretiens entre Wajdi Mouawad et André Brassard intitulé «Je suis le méchant!» (Léméac). Et j’ai savouré ce passage, dans lequel celui-ci traite de l’amorce de l’histoire des Belles-soeurs : Germaine Lauzon, après avoir gagné un million de timbres-prime dans un concours, invite ses parentes et voisines à un party de collage de timbres.

«Tu sais, il y a quelque chose de résolument absurde dans cette histoire. J’ai fait des calculs : gagner un million de timbres-prime, c’est gagner, à peu près, cent livrets. Avec cent livrets, tu peux gagner à peu près un toaster. C’est absurde ce qu’elle a gagné. C’est rien du tout! En plus, les organisateurs du concours forcent la femme à mériter son million de timbres-prime, parce qu’il faut qu’elle les colle! Il faut encore qu’elle travaille. C’est de l’ouvrage, coller un million de timbres. » – André Brassard. Extrait de «Je suis le méchant»

J’ai, moi aussi,  fait des calculs. Pour accumuler les quelque 20 000 milles Aéroplan que j’ai récolté dans les bacs verts depuis les débuts de ma quête, en avril 2007, il aurait fallu que je boive environ 4000 litres de jus d’orange, que j’aurais payé, si je les avais acheté, même en vente, quelque chose comme 10 000.$.

Heuresement pour ma santé, je n’ai pas eu à user de ma salive pour enregistrer les milles aériens glanés dans les bacs verts.  Nempêche. C’est de l’ouvrage d’entrer un  NIP de 12 signes dans un site Internet pour gonfler sa banque Aéroplan de 25, 10 et, de plus en plus, de 5 milles…

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