Comme je l’écrivais dans mon conte urbain 2008, je vivrai l’arrivée de Barak Obama à la Maison-Blanche au Panamint Springs Resort, dans la Vallée de la mort, en Californie. Ce projet journalistico-touristico-sociologique était-il un prétexte pour admirer mon troisième lever de soleil à Zabriskie Point? C’est possible. Si c’est le cas, il est par conséquent impossible que je rate ce rendez-vous.

Premier lever de soleil à Zabriskie Point, février 2007.
J’ai donc ouvert les yeux il y a 30 minutes et je me suis retrouvée complètement réveillée 10 minutes plus tard avec deux questions angoissant. Quelle heure est-il? À quelle heure est le lever de soleil? Mon refuge d’un soir est le Furnace Creek Ranch Resort, à cinq minutes de ce lieu magique, si je peux répondre à ces deux questions, j’arriverai à temps.
Comment en suis-je venue à ne pas savoir quelle heure il est? C’est qu’il y a confusion, contradiction, entre tous mes instruments d’information. Mon portable dit qu’il est 6h30, parce qu’il a conservé le temps ajusté lors d’un séjour à l’étranger, je ne sais plus dans quel pays. Le réveil-matin de ma chambre indique 5h36. Ma montre me dit qu’il est 4h28. Et, selon CNN, il est 4h34. Mon corps et ma tête sont, par contre, à l’heure de Montréal. Selon que le réveil-matin ou ma montre et CNN aient raison, la marge d’erreur pour rater le lever du soleil est donc d’une heure et quelques minutes.
La seconde question est encore plus angoissante. Hier, je n’ai pas pris le temps de prendre le bulletin des mouvements de la lune et du soleil émis à tous les jours par les Rangers du parc. L’affaire est d’autant plus grave qu’hier, je suis pratiquement arrivée en retard pour le coucher du soleil à Zabriskie Point. Il était pourtant là quand j’ai quitté le creux de la vallée pour emprunter la route qui serpente les montagnes et mène vers l’observatoire du lieu mythique. Quand je suis arrivée, moins de quatre minutes plus tard, le soleil était déjà à demi caché derrière les montagnes d’en face.
J’ai quand même fait une photo. En guise de preuve de ma présence.

Zabriskie Point, janvier 2009, quelques minutes après le coucher du soleil.
Car pour saisir la majesté du moment, il faut y être. Malgré la quête incessante des photographes les meilleurs au monde de croquer de telles scènes, je suis convaincue que les meilleurs instruments à utiliser lors de ce type d’expérience demeurent l’observation et la mémoire vive de son cerveau.
C’est d’ailleurs ces deux instruments qui me permettent maintenant d’écrire que j’arriverai à temps pour le lever du soleil. Pour savoir quand me rendre à Zabriskie Point, j’ai simplement à sortir sur mon balcon pour observer les mouvements de la lune. Depuis 30 minutes, elle descend du ciel et semble se diriger vers l’ouest (c’est la terre qui tourne, je le sais). Quand elle sera tout près des montagnes en face de Zabriskie Point, ça voudra dire que le soleil se prépare à se lever derrière les montagnes d’en face. L’observation donc. Et c’est la mémoire vive de mon cerveau qui a permis que je me rappelle d’une pratique millénaire des être humains. Pour savoir quand le soleil se lève ou se couche, le temps qu’il fait et qu’il fera, la force des vents et de la pluie, il suffit de sortir dehors, de regarder le ciel et d’être sensible aux variations des éléments de la nature sur sa peau et dans son corps.
Quelle heure est-il? Je m’en fiche. Je suis réveillée, je regarde la lune et je serai à temps au look-out de Zabriskie Point. Et si, d’aventure, je n’y étais pas aux aurores, c’est beau quand même, à toute heure.

Saku se fout du paysage. Zabriskie Point, midi, février 2008.
Billet expédié depuis ma chambre du Furnace Creek Ranch, Vallée de la mort, le lundi 19 janvier 2009, Martin Luther King Day aux États-Unis. CNN montre des images de Washington et des milliers de personnes qui attendent déjà l’inauguration d’Obama, demain. CNN prépare ce moment historique en préparant une diffusion WEB de l’événement qui s’annonce, elle aussi, historique. La visite de la couverture de l’inauguration par cnn.com vaut le voyage, comme le dit Michelin.